Du gothique, flamboyant !
De nombreux alsaciens ont fait le déplacement, soit à Reims, soit à Besançon ce dimanche 29 mai 2016, pour y disputer l’une des demi-finales seniors 1D. Principal objectif, la qualification pour les « France », qui se tiendront en novembre à l’Axone de Montbéliard. Dans le Grand Est, deux judokas parviendront à se qualifier, avec panache de surcroît : Eloïse BEYREUTHER (E.V. Lauterbourg) en – de 52 kg, et Lucas SCHWANDER (A.M. Colmar), en – de 90 kg !
Dans un contexte concurrentiel élevé, offrant des oppositions très variées, entre juniors de talent, venus en repérage, ex-pensionnaires ou habitués de structures, mais aussi vétérans aguerris, en recherche de sensations fortes, il en fallait du cran et de l’audace pour se frayer un chemin vers les podiums. Particularité de ces demi-finales, seul(e)s les trois premier(e)s se qualifient pour les phases nationales. Pour se faire, il a fallu départager, par le biais de « barrages », les deux troisièmes dans chacune des catégories de poids.
Un complexe spacieux à Reims…
Au complexe universitaire Géo André de Reims, 62 filles et 152 garçons étaient présents. Dans le lot, quelques alsaciens seulement. Comme pour les lorrains, ils étaient nombreux à avoir choisi la demi-finale hors région Grand Est, celle de Besançon, réputée plus accessible (sur la distance bien sûr, mais essentiellement sur le plan sportif, évitant surtout le gratin parisien…). En Champagne effectivement, des oppositions fortes attendaient nos combattants, dans une ambiance plus qu’orageuse…
Eloïse BEYREUTHER, fidèle à sa réputation d’attaquante…
Chez les féminines tout d’abord. En – de 52 kg, Eloïse BEYREUTHER (E.V. Lauterbourg), toute rayonnante suite à sa récente 5ème place aux France « juniors », n’était pas venue dans la cité des Rois pour sa seule cathédrale. Seulement junior 1ère année, la jeune fille désirait avant tout engranger de l’expérience. Dans un coin de sa tête, et au vu du tableau, l’idée d’un sacre faisait toutefois son chemin. Après un premier tour éclair, elle se retrouvera confrontée, en demi-finale, à Amélie BRIEUX (Marnaval), ancienne championne de France 2D. Pas une mince affaire. Le combat, très disputé, se jouera sur une pénalité, en faveur de l’alsacienne. « J’avais envie de gagner cette rencontre, car au bout, il y avait la qualif. ! », explique Eloïse. « Sur ce combat, je savais qu’il fallait jouer stratégiquement avec elle. Elle est plus âgée, et a plus d’expérience. J’ai bien senti qu’elle ne pensait pas perdre contre moi, qu’elle se sentait supérieure. Ce genre de combattante, il faut l’avoir à la lucidité, aller la chercher là où il faut ». En finale par contre, elle passera un peu à côté, trop contente déjà de son résultat. « Sur cette compétition, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Je pensais que ma condition physique pouvait faire la différence, mais je me rends compte que chez les seniors, il y en a plein qui s’entraînent encore beaucoup. Ce n’était pas facile. Je me suis dit qu’il fallait que je fasse mon judo, tout simplement ». Et de compléter, « je ne voulais pas me mettre de pression aujourd’hui. Mais je savais tout de même que j’étais capable de chercher cette qualification. Ce dossard, je l’attends depuis tant d’années ! L’avoir ici, c’est forcément magique ! ». Les D1, le graal pour tout judoka. « Aux France, j’espère pouvoir aller le plus loin possible. Y être, c’est déjà une très belle satisfaction. Mais vu l’âge que j’ai, je ne m’attends pas à un podium… ».
Un combat accroché face à Amélie BRIEUX…
Du gothique rayonnant, avec Eloïse, en première partie de journée, on est passé au gothique flamboyant en seconde partie, avec un Lucas SCHWANDER (A.M. Colmar) inspiré et créatif, dans la catégorie piégeuse des – de 90 kg. Après trois premiers tours rapidement expédiés par ippon, l’alsacien se retrouve confronté, en demi-finale, au solide Clément LEGOUX (Marnaval), vainqueur de nombreux tournois et déjà médaillé aux France 2D et 1D. Pas un cadeaux. Lucas s’incline par ippon (immobilisation), non sans avoir essayé de déstabiliser son adversaire. Lui restait alors l’opportunité d’aller chercher une médaille de bronze. Dans cette quête, il ne se fera pas prier, l’emportant par ippon une fois de plus. Pour autant, la qualification n’étant pas acquise, il lui fallait remporter l’ultime rencontre, face au second troisième. Déterminé comme jamais dans ce match de barrage, il surprendra son adversaire sur un contre, saisissant la bonne opportunité au bon moment. Du grand art. « Cette médaille et cette qualification, c’est l’aboutissement de tout le travail réalisé depuis que j’ai 4 ans ! », confie, radieux, le colmarien. « Aller en D1, c’est l’objectif de tout judoka. Pour moi, « amateur », qui ne m’entraîne que deux fois par semaine, c’est que du bonheur ! ». Et de préciser, « l’objectif aujourd’hui était d’aller chercher cette qualification, et essayer de faire une bonne compétition. Le fait d’arriver troisième, j’étais un peu relâché, et le dernier combat s’est très bien passé. Lorsque j’ai vu mon tableau au départ, j’ai compris que j’avais moyen de faire quelque chose. J’en avais surtout envie, car l’année prochaine peut-être, je ne pourrais plus m’entraîner autant. Je vais commencer à travailler, et ce sera plus compliqué. Du coup, faire quelque chose ici me tenait à cœur ».
Lucas SCHWANDER bien inspiré durant tout son parcours…
« Depuis tout jeune, Lucas travaille, il est sérieux, il écoute beaucoup. C’est un vrai régal que de l’avoir comme élève ! », reconnaît son entraîneur Mustapha EL HADIFI, radieux après l’ultime rencontre de son protégé. « De tout ce travail effectué, il en récolte aujourd’hui les fruits. C’est quelqu’un qui a toujours beaucoup donné, mais il n’a pas toujours été récompensé. Blessures à répétition, il passe des fois à côté, chez les cadets, chez les juniors, il n’a jamais pu exploser véritablement. Et là, c’est le meilleur cadeau ! A 20 ans, c’est le top ! ». Et de conclure, non sans une certaine fierté, « il a mis cinq ippon avec des techniques différentes à chaque fois. Yoko-tomoe-nage, ura-nage, sasae de face, o-uchi-gari et au sol. Au sol, il a appris à se défendre, c’était un peu son point faible. Il attaque, effectue des liaisons debout/sol, il sait tout faire. Mais il pourrait être encore plus fort ! Ici, je voulais que les combattants des Arts Martiaux de Colmar voient d’autres têtes. A Besançon, tous se connaissent bien, entre alsaciens et franc-comtois. Ici, à Reims, on ne sait pas trop contre qui on va combattre. Cela a été profitable à Lucas, qui en a surpris plus d’un avec ses techniques. Et ça à marché ! ».
Déterminé dans sa quête de qualification, le colmarien sera redoutable…
A Reims également, Inès GRANDCLAUDE (E.V. Lauterbourg) termine 6ème en – de 78 kg, Anne-Laure DEFRANCE (Sélestat) en – de 52 kg et Joffrey HENTZ (Reichshoffen) en – de 100 kg terminent tous deux 7èmes.
Grand favori à Reims en – de 73 kg, Louis FEUILLAS (J.C. Strasbourg), ici victorieux sur jujigatame, se fera “sortir”, sur une clef de bras, douloureuse…
A noter qu’à Besançon, où le contingent alsacien était plus important, Marie HAVY (- de 57 kg) et Audrey FELS (- de 70 kg), toutes deux de l’A.C.S. Peugeot-Citroën Mulhouse, terminent premières, Maïté LOPEZ (Quatzenheim) en – de 52 kg, Jocelyne MENDY (A.C.S. Peugeot-Citroën Mulhouse) en – de 63 kg, Audrey BERI (Mundolsheim) en – de 78 kg et Flavien DESMONIERE (A.C.S. Peugeot-Citroën Mulhouse) en + de 100 kg terminent deuxièmes, Lola BARTH (Ingersheim) en – de 48 kg, Noémie BROCHOT (A.C.S. Peugeot-Citroën Mulhouse) en – de 52 kg et Guillaume ENGEL (Wittenheim) en – de 100 kg terminent troisièmes. Toutes et tous sont également qualifiés pour les France 1D !
RDV les 12 & 13 novembre prochains à l’Axone de Montbéliard, pour la suite. Comme pour les cathédrales, il faut de longues années de labeur et de sueur pour construire pareil édifice. Au final, le monument n’en est que plus beau et plus majestueux. Souhaitons aux alsacien(ne)s, cet automne, d’en bâtir plusieurs…
Ci-dessous les résultats :
- REIMS : Poules-et-Tableaux – Sélections-D1
- BESANCON : Seniors-F – Seniors-M