La course aux points…
Le Judo-Club de Taissy (51) accueillait ce week-end des 3 & 4 novembre 2018 une demi-finale du championnat de France de Jujitsu, organisée par la Ligue Grand Est de Judo. L’occasion de voir quelque 150 participant(e)s, venu(e)s de toute la France, s’affronter en combat et en ne-waza, avec pour ambition de marquer des points en vue des sélections pour le championnat national programmé fin mars 2019…
Un beau championnat, avec de belles actions…
En ouverture de cette demi-finale, nouvelle appellation des anciens « open », le jujitsu « combat », discipline tonique et percutante, associant trois phases d’opposition : la première concerne les atémis (pieds poings), la seconde les projections et la troisième, le ne-waza. Pour l’emporter, les combattants, munis de protections aux mains et aux tibias, doivent marquer de préférence dans chaque secteur. Du coup, la polyvalence s’avère précieuse, tout comme l’endurance et la capacité à encaisser les coups. Car à ce stade, personne ne se fait de cadeau, l’enthousiasme et l’énergie déployée par les combattants, qu’ils soient seniors ou cadet(te)s, impressionne. Pour autant, pas de gestes déplacés ni de violence gratuite : respect et fair-play sont des valeurs qui priment. Sur le tapis, on le sent, on le voit, des passionnés avant tout, des pratiquants qui aiment leur discipline et veulent qu’elle se développe. Un univers clos ? Pas tant que ça. L’esprit de camaraderie ainsi qu’une belle convivialité complètent volontiers le décor.
Habile dans tous les secteurs, Corentin REGNIER s’impose grâce à son punch…
Dans la catégorie reine des – de 69 kg seniors, comportant une bonne quinzaine de combattants, les débats ont fait rage pour atteindre le podium. C’est le sociétaire de Mark Judo (62), Corentin REGNIER, qui l’emporte haut la main face à une rude concurrence. Percutant, avec une grande amplitude de mouvements, rapide et extrêmement précis, il a presque surclassé tous ses adversaires. « Cette demie était un objectif pour moi », reconnait le garçon, visiblement éreinté à l’issue des rencontres menées tambours battants. « Je me prépare pour ça depuis la rentrée, je tiens à marquer des points pour me qualifier aux France. Je viens d’une catégorie de poids inférieure, j’avais trop envie de voir ce qui se faisait au-dessus. Surtout, j’ai bien pu m’alimenter, et j’étais au top. Tout le travail effectué en club paye aujourd’hui, ça fait plaisir ! ».
Champion du Monde en 2012 et en 2015, Percy KUNSA compte bien tripler la mise fin novembre…
En – de 85 kg (seniors), tous les regards étaient tournés vers Percy KUNSA (U.S. Orléans), multi médaillé mondial, multiple champion de France, double champion d’Europe et double champion du Monde. Mais que vient donc faire pareille pointure dans une demi-finale de championnat de France ? « Il est important d’engranger de la confiance », précise l’athlète, qui s’apprête à participer aux championnats du monde de jujitsu (du 22 au 26 novembre 2018 à Molmo – Suède). « A 20 jours de cette échéance mondiale, je suis là pour effectuer les derniers petits réglages, voir comment je me sens. Mon objectif est d’aller chercher un troisième titre planétaire. Ça fait un bon moment que je me prépare pour ça. Ça va être dur, mais je sais que j’en suis capable ». En Champagne, l’Orléannais n’a pas fait dans la dentelle, déployant une large palette technique face à de solides adversaires, tous désireux de le mettre en difficulté. Sans succès. « La différence se fait sur une somme de petits détails », précise le congolais d’origine. « La préparation, les phases de repos, le régime, etc… Ce sont des éléments qu’il faut prendre en compte pour être prêt le jour « J » ». Au vu de sa belle victoire à Taissy, il y a fort à parier qu’on le retrouvera sur le podium de ces prochains mondiaux !
Pour Cyrille WAHRHEIT, « il y a de gros écarts entre les pratiquants... ».
Dans un coin du tapis, arbitre mais aussi « spectateur » avisé, Cyrille WAHRHEIT, notre responsable jujitsu sur le Grand Est. Toute la journée, il a observé les différents combats, constatant souvent de gros écarts de style entre les combattants habitués du circuit, et ceux qui viennent pour découvrir l’activité. « Les combattants qui participent régulièrement à ces rencontres, pour marquer des points, connaissent parfaitement les règles d’arbitrage », analyse notre technicien. « Même s’ils n’excellent pas techniquement, cette connaissance du règlement leur est favorable. Le jujitsu offre bien plus de techniques autorisées que le judo. On y voit des ramassements de jambes et plein d’autres aspects, désormais interdits en judo, offrant une plus grande liberté aux pratiquants. Mais cela demande beaucoup d’entrainement. Les combattants qui ne sont pas habitués à ça sont des fois tous fous dans les atémis. Du coup, l’arbitrage devient compliqué, et le niveau s’en ressent. Le côté positif, c’est que ces gens qui découvrent engrangent aussi de l’expérience, et vont être amenés à progresser. Eux aussi intègreront le circuit, et c’est plutôt intéressant… ».
Ça ne rigole pas non plus du côté des féminines !
Le dimanche était consacré au ne-waza, travail au sol. Et contrairement aux idées reçues, il n’est nulle question d’une activité cool et reposante. Certes, explosivité et projections spectaculaires ne sont pas forcément la panacée de cette facette du jujitsu. On y trouve surtout des immobilisations, des étranglements (beaucoup de sankaku), des clefs de bras et de jambes. Il s’agit surtout de joutes hyper intenses, ou chaque centimètre carré de tissu est vaillamment défendu pour ne pas céder du terrain à l’adversaire. Placement, conditionnement, contrôle, chaque geste doit être optimisé pour concrétiser un étranglement, une clef ou une immobilisation. En six minutes de combat, l’énergimètre fond comme neige au soleil, et seuls les stratèges tirent leur épingle du jeu. A ce jeu-là justement, les combattants du Grand Est ont tiré les bonnes cartes, l’emportant en – de 62 kg (Valentin GEORGET – Vitryat 51), en – de 69 kg (Rémy ONSAY – J.C. Commercien 55) et en + de 94 kg Cédric BONNET – J.C. Commercien 55).
Eslem BENOUNA était engagé sur deux fronts : combat et ne-waza…
Chez les lourds précisément, un combattant de notre région fait exception. Eslem BENOUNA (Kingersheim 68), puissant judoka, termine second et rate la victoire de peu. Mais il est l’un des rares à s’être engagé tant en ne-waza qu’en jujitsu combat. De ce fait, les rencontres de la veille l’ont quelque peu émoussé. En finale, malgré sa puissance et son gabarit imposant, il se fait surprendre par un étranglement, judicieusement engagé. « Monter sur le podium était une priorité » prévient l’intéressé, qui reconnait une préférence pour le sol. « Il reste encore du travail, mais je sais que je peux progresser dans ce secteur ». Et d’évoquer sa 5ème place en jujitsu « combat ». « C’est dommage, j’aurai pu mieux faire. Mais j’ai été surpris par le niveau des atémis, certains ne font que ça. Notre sport doit être pris dans sa globalité, trois domaines nécessitent théoriquement d’être bon. Or lors de la finale de ma catégorie, aucun point n’a été marqué en judo et en ne-waza, tous l’ont été lors de la première phase. Du coup, je sais maintenant ce qu’il me reste à faire pour les prochaines rencontres. On ne nait pas champion, on le devient, ça se travaille. A moi maintenant d’améliorer mes techniques pieds/poings pour espérer performer par la suite ! ».
Au final, un bien beau week-end de sport, dans un cadre fort agréable et une super ambiance. Du beau boulot réalisé par le club organisateur. « Nous avons bénéficié de l’assistance du club de Cormontreuil », précise le président du club de Taissy, Thierry ARESCALDINO. « Notre petit foyer ne dispose pas d’assez de main d’œuvre pour mettre en place pareille organisation. Nous avions déjà organisé une manifestation dans cette salle, avec ces agréables locaux, qui ont plu à la Ligue. Recevoir cette demi-finale chez nous est une bonne chose. Notre principale ambition est de faire plaisir aux gens. En ce sens, c’est plutôt réussi ! ». Une belle réussite, saluée également par le conseiller technique du bassin champenois, Laurent PERONNE. « Le bilan est plus que positif », analyse-t-il, tout sourire. « Tant sur le plan qualitatif, qu’au niveau de l’investissement, aussi bien chez les seniors que chez les cadets. Chez ces derniers, on en voit qui s’appliquent et qui veulent évoluer dans le jujitsu et le fighting. Cela évite de les voir partir vers le karaté, le krav-maga ou autre. Nous disposons d’un bon produit, très complet, et qui mérite vraiment d’être développé. Au niveau Grand Est, il est important de communiquer là-dessus si l’on veut poursuivre l’essor du jujitsu… ».
Laurent PERONNE très satisfait du week-end !
Un grand merci au club de Taissy et à celui de Cormontreuil pour leur accueil et leur efficacité. Un grand merci aux différents acteurs, spécialistes « jujittsu » ou non, au corps arbitral, pour leur implication et leur bienveillance. Un grand merci surtout aux sportifs qui, par leur présence et leurs belles prestations, contribuent au rayonnement de cette discipline…
Un corps arbitral chic, pour une compétition de choc !
Ci-contre le lien vers les résultats : 1/2 finale JUJITSU Taissy
Albums PHOTOS sur FB.
Voici les sélections françaises pour les championnats du Monde 2018, qui se teindront du 22 au 26 novembre 2018 à Molmo (Suède) :
A titre d’information, la règlementation « combat » & « ne-waza » :
Regles-d-arbitrage-jujitsu-combat-et-duo – Regles-d-arbitrage-jujitsu-ne-waza