En rodage…
Les toutes meilleures équipes de l’hexagone se sont retrouvées ce samedi 11 et dimanche 12 mars 2017 au Palais des Sports de Marseille (13) dans le cadre des championnats de France 1ère division. 45 formations féminines et 43 masculines se sont disputées le podium national et les sélections au championnat d’Europe, mais aussi le maintien dans l’élite. Cinq clubs du Grand Est défendaient leurs chances, dans un contexte concurrentiel très relevé…
La belle lumière du sud de la France n’a pas été très bénéfique pour nos équipes du Grand Est…
Chez les féminines, trois de nos équipes régionales avaient le privilège de concourir. L’A.J. 54 (bassin Lorrain), l’A.C.S. Peugeot-Citroën Mulhouse (bassin Alsacien) et Marnaval Saint-Dizier (bassin Champenois). Trois clubs, trois politiques sportives différentes, mais des volontés communes dans ce championnat : expérience de compétition enrichissante à tout niveau, perfectionnement des plus aguerries, mais surtout formation des plus jeunes, pour préparer l’avenir.
A ce niveau de compétition, jeunes et moins jeunes engrangent une précieuse expérience…
En Lorraine, l’Alliance Judo 54 porte bien son nom. Créée sur la base de trois clubs de la région de Nancy, l’idée était de regrouper les compétiteurs sur plusieurs pôles d’entraînement afin d’obtenir des groupes compétitifs, tant chez les filles que chez les garçons. Une formule séduisante et efficace, en témoigne le titre national obtenu chez les filles l’an passé en D2.
Dans la cité phocéenne, l’objectif du groupe lorrain, composé d’Hélène PETIDEMANGE, Patricia FORTEL, Céline DONNOT, Alexiane COQUERET et Pauline CASALED (coaches : Séverine COLSON et David BERNOY) était déjà de sortir de poule, puis d’avancer, du mieux que possible, en tableau. La formule de compétition proposée par la F.F.J.D.A., identique à celle de l’an passé, permet en effet aux équipes de se confronter lors d’un premier tour organisé en poules, et d’effectuer un voir deux combats minimum, les deux premiers de chaque poule accédant ainsi au tableau final, à élimination directe.
Patricia FORTEL (kimono blanc) très entreprenante dans ce championnat…
Lors de cette première phase de sélection, l’A.J. 54 est opposée à la solide formation de Maison-Alfort (défaite 0-5), puis à l’A.M.J. 50 (victoire 3 à 2). Une qualification in-extremis, mettant en lumière certes quelques faiblesses, mais surtout de belles qualités et du talent, chez des filles désireuses avant tout de bien faire, à l’image de la toute jeune Alexiane COQUERET, seulement « junior » 1ère année. « Je suis très contente que l’on soit parvenues à sortir de poule ! », exprime la combattante. « Arriver ici déjà, en première division, était une bonne chose. Après, la qualification était difficile. Aller dans le tableau final constitue une bonne expérience pour nous. Cela permet de rencontrer des filles qui ont un niveau beaucoup plus élevé, des internationales de D1 autrement plus expérimentées. Pour chacune de nous, cette aventure, même si c’est très dur, reste très enrichissante ! ».
Alexiane COQUERET (au centre), encore cadette l’an passé, était avant tout là pour apprendre…
En 16ième de finale, les nancéennes seront confrontées à du lourd. L’U.S. Orléans, menée par Hélène RECEVEAUX, Lucile DUPORT et Mélissa HELEINE, nourrissait de belles ambitions dans ce championnat. Nos lorraines, malgré leur détermination, seront balayées 5 à 0.
« Cette défaite était logique », analyse le directeur technique du club, David BERNOY : « Mais on passe le premier tour, et c’est déjà bien ! Notre gros point faible ici est l’absence de Marie MOULIN. Face à Orléans, des filles comme elles ont manqué. Malgré tout, on est tout de même satisfait, même s’il reste bien du travail. L’état d’esprit est bon, mais il manque encore des petites choses, comme la combativité. Face à de grosses équipes, il y a moyen d’accrocher un peu plus. C’est le problème de ce type de compétition, dès qu’il y a de grosses pointures, cela met un petit coup au moral, et on n’arrive pas à surpasser cela. Avec des filles comme Marie, qui fait sept aux France, ça peut tirer l’équipe vers le haut, la pousser à être plus performante. Dans le groupe, Alexiane est très forte, mais elle est encore jeune, et ce n’est pas évident face à des filles plus expérimentées, il nous faut encore passer un petit cap. Mais on est sur la bonne voie… ».
L’A.C.S. Peugeot-Mulhouse, une équipe très jeune, encore en rodage…
En Alsace, l’A.C.S. Peugeot-Citroën Mulhouse a fait le choix, de longue date déjà, du recrutement hors région, sélectionnant des athlètes qui s’inscrivent pleinement dans le projet sportif. Par le passé, des filles comme Amina ABDELLATIF ou, plus récemment Margaux PINOT, entre autres, ont largement contribué au rayonnement du club mulhousien, tant à l’échelle nationale qu’internationale. Aujourd’hui, la section a préféré miser sur la jeunesse et le long terme, créant un groupe en devenir, composé de filles talentueuses issues des quatre coins de la France. Un choix semble-t-il intéressant, les mulhousiennes ayant orné leur vitrine d’un titre de championnes de France « juniors » en 2016. Encore un peu léger toutefois pour espérer rivaliser face à de grosses écuries de première division, comportant des internationales seniors de renom. Dans leur poule de sélection, les mulhousiennes (Noémie BROCHOT, Mélody VAUGARNY, Marine GIRAUD, Jocelyne MENDY, Agathe de VITRY et Audrey FELS – coach : Céline LEBRUN), privées de leur championne d’Europe « junior » Julia TOLOFUA, de Fiona GRATTON et de Lisa MARCHESE, toutes trois blessées, réalisent une belle prestation, s’offrant le Grand Lyon (victoire 5 à 0), puis le Blanc Mesnil (3 victoires à 2).
Jocelyne MENDY plus que déterminée. Pas suffisant…
En 16ième de finale, elles sont opposées au J.K.C. l’Islois, une formation expérimentée, mais à leur portée. Les deux équipes se rendront coups pour coups, les mulhousiennes perdant au passage Audrey FELS sur blessure. A deux victoires partout, le dernier combat de cette rencontre était déterminant, entre Noémie BROCHOT et Vanessa MARTIN. Mais il se conclut en faveur la Gersoise, plus opportuniste au sol.
Sur leurs trois rencontres (deux en poule et une en tableau), c’est la plus aguerrie du groupe, Mélodie VAUGARNY, qui tire son épingle du jeu. La jeune « senior », médaillée de bronze aux individuels 1D en novembre dernier, remporte ses trois combats par ippon, avec la manière à chaque fois.
Encore un ura-nage comptabilisé ippon pour Mélodie. Mais ce précieux point ne permet pas à Mulhouse de l’emporter…
Pour elle, la défaite en tableau est dure à digérer. « Je suis vraiment frustrée », indique cette dernière. « L’équipe contre laquelle on perd était pourtant à notre portée… ». Et de préciser, « sur le papier, nous n’étions pas les meilleures de ce championnat. Par contre, on a des filles qui s’entraînent pour ça tous les jours. Notre équipe est forte, mais il nous a manqué un petit truc, la persévérance. Les combats perdus n’auraient pas du l’être. Peut-être n’a-t-on pas assez écouté, pas assez réfléchi. Il y a des jours comme ça, des fois, où on ne trouve pas de solutions. Dans ces cas-là, on suit les conseils des coaches, on regarde les copines, on essaye de trouver. Mais là, je pense que l’on n’était pas dedans, pas concentrées en tout cas… ». Elle évoque également le manque de compétitions par équipes. « Dans le haut niveau, il n’y a pas de secrets. Plus on fait de compétitions, et plus on devient fortes. C’est ce qui nous a fait défaut un peu. Tout au long de l’année, on fait beaucoup de compétitions « individuelles », mais très peu par équipes. Même si notre groupe est très soudé, il nous faudrait plus de compétitions comme ça pour améliorer et peaufiner nos réglages. Je pense que plus on en fera, et mieux ça ira… ».
Le président de la section, Didier BERKATI, ne l’entend pas de cette oreille. « Les filles avaient un travail à faire, et elles ne l’ont pas fait ! », analyse le dirigeant mulhousien. « Je ne peux me satisfaire de ce résultat. Bien sûr, l’absence de Julia, leader du groupe, a pesé dans la balance. Avec nos blessées, nous n’étions pas prêts cette année pour affronter les meilleures. Mais je suis déçu tout de même par rapport à notre potentiel. Lors d’une défaite, sur des adversaires nettement plus fortes, on quitte le tapis avec sa fierté. Là, elles n’étaient pas présentes, et n’ont pas osé, c’est décevant. Elles n’ont pas su saisir les opportunités qui se présentaient. Je sais qu’elles peuvent mieux faire ». Et de rajouter, « maintenant, il est vrai que ce groupe est encore inexpérimenté à ce niveau, et on peut mettre ça sur le compte d’une erreur de jeunesse. On va faire quelques ajustements, et travailler là-dessus… ».
En Champagne en revanche, du côté de Marnaval, préférence est donnée aux « produits locaux ». Le groupe des filles, composé de Mélanie CLEMENT, Julia SORDET, Amélie BRIEUX, Héloïse BROUARD, Mélanie LE FE, Anaïs MEIGNEN et Mathilde GIL (Coach : Francis CLERGET), ressemble finalement beaucoup aux deux autres, avec de fortes personnalités (Mélanie, Amélie et Mathilde), et des plus jeunes, encore en phase d’apprentissage. Les champenoises, non dépourvues de compétences, avaient elles aussi à cœur de réaliser une belle opération. Dans leur poule, elle se retrouvent face à la redoutable formation de l’U.S. Orléans (défaite 0 à 5), puis face à l’équipe de Commequiers (victoire 5 à 0). Qualifiées dans le tableaux final, elle sont opposées en 16ième à l’expérimentée formation de la Couronne (Grand Angoulème), emmenée par les sœurs PIERRET (Julie et Claire). Malgré une rencontre très serrée et disputée, ça ne passera pas pour les champenoises, qui s’inclinent 2 à 3.
Mélanie CLEMENT, chef de file de la délégation champenoise…
Dans le groupe, si le leadership revient incontestablement à la double championne de France Mélanie CLEMENT, la meneuse en matière d’ambiance reste Amélie BRIEUX, ancienne championne de France de D2. Cette dernière, au caractère bien trempé, aime se faire entendre au bord du tapis lorsque ses coéquipières combattent, encourageant et stimulant le groupe avec force et conviction. « J’ai une grande gueule, c’est vrai ! », reconnait l’intéressée. « Mais j’aime pousser les filles, et les aider du mieux que possible au bord du tapis, avec ma voix, pour les motiver au maximum… ». Et ça marche, pas suffisamment toutefois pour aller plus loin dans le tableau. Pour autant, elle apprécie l’aventure vécue sur ce championnat. « L’équipe est soudée, et on s’entend toutes très bien. Cette cohésion rend tout cela agréable à vivre, et c’est vraiment très enrichissant. Face à Angoulème, ce n’était pas simple. Il ne nous manque pas grand-chose, on n’a pas réussi à trouver la solution. L’équipe a tout de même super bien combattu, il y avait de l’envie, et j’espère que l’on reviendra encore plus fortes… ».
Amélie BRIEUX, une fille de tempérament, au service de son équipe…
« Aujourd’hui, avec une équipe en construction et deux jeunes juniors dans le groupe, nous ne sommes pas prêts pour affronter des équipes de ce niveau », analyse l’entraîneur de Marnaval, Francis CLERGET. « Passer le premier cap était logique, au vu de la constitution de notre poule. Face à l’équipe de Commequiers, que l’on ne connaissait pas, on s’impose assez facilement. Après, sur Orléans, on prend une misère, c’est sûr. Et face à Angoulème, ça ne pardonne pas. Il nous faudrait une deuxième Mélanie CLEMENT dans une autre catégorie de poids pour équilibrer notre groupe ». Et de compléter, « on essaye, dans la mesure du possible, de travailler avec des recrues locales, on ne cherche pas trop à développer le recrutement. Cela m’interpelle pour l’avenir, il faudra que l’on revoit notre mode de fonctionnement. C’est un choix que l’on va déterminer assez prochainement pour la saison qui arrive. Maintenant, notre équipe est jeune, elle est en construction. Le nouveau système proposé par la fédération nous permet de rester en deuxième division et d’aller rechercher un résultat pour monter première division. Je trouve ça bien pour des clubs de province comme le nôtre, on peut du coup régulièrement s’évaluer. C’est très formateur pour les jeunes… »
Les garçons, eux, avaient également fort à faire face à une solide concurrence. Deux équipes Lorraines représentaient notre région du Grand Est, Sarrebourg et l’A.J. 54. Toutes deux, pourtant motivées et désireuses de bien faire, s’inclinent dans leurs poules respectives, non sans avoir livré de belles oppositions. En face, des équipes fortes, R.S. Montreuil et l’A.J. 61 pour Sarrebourg, Sucy Judo et l’Eure Judo pour l’A.J. 54. Pas totalement insurmontable, certes. Mais face aux formations de la région parisienne, le déséquilibre reste probant.
Dans ce championnat de première division, nos cinq équipes ont vécu malgré tout une belle aventure, et une expérience grandement enrichissante. A elles maintenant d’analyser leurs forces, leurs faiblesses, d’en tirer les leçons pour progresser. Dans le Grand Est, le potentiel est réel, ainsi que le vivier d’athlètes. Reste à trouver la formule la plus adéquate pour obtenir une ou des formation(s) capable(s) de rivaliser avec les meilleur(e)s. En tout cas, il y a de belles raisons de se projeter positivement vers l’avenir…
Ci-contre les résultats : Equipes 1D F – Equipes 1D M