Axel CLERGET voit double !
Les championnats du Monde (du 20 au 27 septembre 2018 à Baku – Azebaïdjan) ont plutôt souri à Axel CLERGET (Sucy Judo). Le Marnavalais d’origine, non content de décrocher le bronze en individuel (- de 90 kg), remporte également avec ses camarades de l’équipe de France une formidable médaille d’argent. Mélanie CLEMENT (Sporting Club Marnaval), pourtant ambitieuse en – de 48 kg, se fera sortir dès le premier tour…
Quelle est belle cette victoire en place de troisième !
Il pouvait avoir le sourire, Axel CLERGET, ce lundi 24 septembre à l’issue de sa belle victoire en place de troisième face à l’Allemand Eduard TRIPPEL. Douze ans après une première médaille planétaire aux Monde Juniors, le voici enfin médaillé chez les seniors. L’aboutissement de longues années de labeur, parsemées de doutes et de remises en question.
Arrivé désormais à maturité, le judoka de 31 ans, tout juste papa d’un petit garçon (Liam), réalise à Baku un superbe parcours dans une catégorie particulièrement piégeuse. Fidèle à son tempérament d’attaquant, batailleur et déterminé, son entame de compétition se révèle quasi parfaite, éliminant le Biélorusse Yahor VARAPAYEU sur yoko-tomoe-nage, le Coréen Dong Han GWAK (médaillé de bronze aux J.O. de Rio et champion du Monde 2015) sur sumi-gaeshi puis ippon-seoi-nage, le Russe Khusen KHALMURZAEF sur ko-uchi-makikomi, et enfin en ¼ le Tadjik Komronshokh USTOPYRIYON sur haraï-maki-komi plus enchainement au sol. Une palette technique flamboyante, agrémentée d’une redoutable explosivité. Rien de surprenant lorsque l’on connait la valeur du garçon. « Lorsqu’il était au Pôle France (de Strasbourg), c’était un judoka extrêmement motivé », se souvient son entraîneur de l’époque, Sébastien GIRARDEY. « Il avait ce petit quelque chose de plus que les autres. En trois années (2003 – 2006), et avec la complicité de Yacine DOUMA (2005-2006), il est monté crescendo. Il s’entrainait très fort, désireux de percer et de faire des résultats. Il est vrai qu’il disposait de qualités physiques bien supérieures à d’autres. De plus, il avait déjà l’âme d’un vrai combattant, cette marque de fabrique des champions. Volontaire, ambitieux, il ne lâchait rien. Il avait tout simplement envie, et s’est donné les moyens de réussir ».
La ½ finale face au cubain Ivan Felipe SILVA MORALES aurait dû être à son avantage. Toujours à l’attaque, il lance par deux fois son fameux yoko-tomoe-nage. Son adversaire saisit alors l’opportunité pour le plaquer sur le dos, en le poussant avec les bras (sumi-otoshi). Un geste comptabilisé ippon par le corps arbitral, mais qui résonne comme une vraie sanction. Adieu la finale tant espérée. Dès lors, il lui faut se remobiliser pour aller chercher une place de troisième. Et c’est souvent dans pareilles situations qu’émergent les grands guerriers. Tomber, se relever. C’est ce qu’a fait Axel, fort brillamment, livrant un rude combat face à TRIPPEL, usant sans retenue de son formidable répertoire technique en ne-waza (il conclue sur étranglement). Au bout, une belle médaille de bronze ! « Il confirme au plus haut niveau », analyse Francis CLERGET, à la fois père, professeur et entraineur, non sans un brin de fierté. « Sa 2ème place à Paris en février dernier n’était pas un hasard. Ces mondiaux constituaient son objectif de saison. Même s’il a pris un peu de retard dans sa phase préparation (blessure), il a pris le temps de bien faire les choses. A Baku, il était prêt. Je l’ai senti très serein. Il a de l’expérience, ça aide. Là où il m’a impressionné, c’est à la sortie de sa ½ finale perdue. Il était abattu après cette défaite, c’est normal. Pourtant, il a su réagir et trouver les ressources nécessaires pour aller chercher sa médaille ! ». « Sur ces mondiaux, je ne l’ai jamais vu aussi fort et aussi déterminé », complète Sébastien GIRARDEY. « Cette médaille, il est allé la chercher, et avec la manière. Il a pris de l’envergure, c’est désormais un pilier solide de l’équipe de France en vue des J.O. Ce beau résultat va lui donner confiance pour la suite… ».
Une médaille bienvenue pour Axel CLERGET !
Une belle confiance, qui aurait été bien utile à Mélanie CLEMENT (Marnaval). Engagée en – de 48 kg, elle ambitionnait de faire bien mieux que sa 7ième place, prometteuse, de l’an dernier à Budapest. Son tableau n’était certes pas un boulevard, mais elle y avait de belles cartes à jouer. Son premier tour devait lui permettre de se mettre en jambes, pour une belle entame de compétition. Face à la Slovène Marusa STANGAR, adversaire déjà battue aux Europe, la Champenoise n’a pas réussi à exprimer son judo. A la fin du temps réglementaire, aucune véritable attaque forte ne permettait de départager les deux combattantes. Le golden score aurait pu lui sourire sur une attaque en uchi-mata. Mais pas assez incisive, elle se fera contrer puis immobiliser. Une élimination rageante dès le premier tour. « C’est vraiment dommage », rapporte Francis CLERGET, son entraineur de club. « Il lui a manqué l’agressivité nécessaire. Elle a été trop hésitante. Elle dispose pourtant d’une belle palette d’outils qu’elle n’a pas su utiliser. Un peu trop scolaire, elle n’a pas su compter sur ses qualités techniques. Ce résultat est une grosse déception forcément. Il va falloir qu’elle se remobilise, car l’étau se resserre peu à peu. Maintenant, il faut se concentrer sur les prochains championnats de France, c’est un passage obligé pour la suite de sa carrière ». Et Sébastien GIRARDEY de compléter, « lors de son passage au Pôle de Strasbourg sous la houlette d’Eric DESCHAMPS, cette fille dénotait par sa silhouette longiligne et sa posture très droite. Très active, on la savait prometteuse. Ses résultats sportifs parlent pour elle. Cette campagne 2018 ne lui a finalement pas été profitable. Mais connaissant son état d’esprit, pour quelqu’un qui vient de réussir son concours de professeur des écoles en suivant parallèlement un parcours de haut-niveau, tout porte à croire qu’elle dispose des atouts nécessaires pour rebondir. Son potentiel est réel, son heure viendra. Ce n’est qu’une question de temps… ».
Mélanie CLEMENT méritait un autre parcours. Ce n’est que partie remise…
Côté français, cette campagne 2018 se solde par 4 médailles : 1 en or pour Clarisse AGBEGNENOU en – de 63 kg, une en argent pour Marie-Eve GAHIE en – de 70 kg, et 2 en bronze pour Amandine BUCHARD en – de 48 kg et Axel CLERGET en – de 90 kg. Un bilan complété par une superbe médaille d’argent par équipes, obtenu le 27 septembre lors des confrontations par équipes mixtes. L’équipe de France, composée de Priscilla GNETO, Hélène RECEVEAUX, Benjamin AXUS, Guillaume CHAINE, Clarisse AGBEGNENOU, Marie-Eve GAHIE, Axel CLERGET, Aurélien DIESSE, Anne-Fatoumata MBAIRO, Audrey TCHEUMEO et Cyrille MARET, réalise un parcours remarquable, éliminant la Hongrie (4 à 2), le Brésil (4 à 2), puis la Russie (4 à 1) en ½. La finale les opposait à une redoutable formation Japonaise, quasi intouchable à deux ans des J.O. de Tokyo. L’occasion surtout pour deux anciens du Pôle France de Strasbourg (Hélène RECEVEAUX et Axel CLERGET), de remporter une nouvelle breloque internationale de rang. La seconde pour Axel sur ces championnats.
Une médaille, c’est bien. Deux, c’est encore mieux pour Axel, ici en compagnie de ses camarades de l’équipe de France…
« C’est énorme ! » confie son père, quelque peu ému. « On a vécu une semaine formidable en famille ! Durant des années, on se serre les coudes pour transmettre, construire, faire en sorte que les projets, sportifs mais aussi professionnels, aboutissent. En ce sens, je me suis un peu libéré depuis qu’Axel a rejoint les rangs de Sucy Judo. C’est maintenant le rôle de Stéphane AUDUC. Donner des outils aux jeunes pour qu’ils puissent progresser, s’affirmer et réussir. Je me bats pour cela depuis des années. Il faut que nos jeunes puissent avoir des armes techniques, sportives, mais aussi intellectuelles pour y arriver. Et voir cela se concrétiser pour son propre fils, à Baku, c’est juste énorme ! ».
La famille CLERGET ainsi que Stéphane AUDUC (à droite) ont vécu une folle semaine !
Crédits photos : FFJDA/Pressesports – Facebook