Dans la liste des nombreux projets de notre fĂ©dĂ©ration et de notre ligue figure la professionnalisation de nos clubs, nĂ©cessaire Ă leur dĂ©veloppement. De nombreuses actions ont Ă©tĂ© entreprises Ă destination des enseignants, au cĆur du projet sportif. Mais cela ne suffit pas. La pĂ©rennitĂ© de notre discipline passe Ă©galement par la formation de nos dirigeants bĂ©nĂ©voles, Ă©lĂ©ments essentiels du rouage associatif. Câest en ce sens quâune dizaine dâentre eux se sont retrouvĂ©s Ă Sundhoffen (68) ce samedi 21 octobre, inaugurant le nouveau cycle de formation spĂ©cifique mis en place sur notre territoire pour la saison 2023-2024…
La formation des dirigeants, essentielle pour dynamiser et dĂ©velopper les clubs…
Ătre dirigeant dâun club sportif peut en faire rĂȘver certains, partagĂ©s entre passion, besoin dâĂȘtre utile aux autres ou donner du sens Ă un engagement associatif. Une fois en poste, la rĂ©alitĂ© sâavĂšre souvent moins Ă©vidente, relevant parfois du parcours du combattant. Câest justement dans ce cadre que la Ligue Grand Est de Judo propose un accompagnement spĂ©cifique, en partenariat avec Asso Formation, un organisme spĂ©cialisĂ© dans le dĂ©veloppement associatif sportif. Les interventions sont assurĂ©es et animĂ©es par Alexandra HIRSINGER, experte en management dâĂ©quipes, en gestion de projet et conduite du changement. Les principaux objectifs de ces formations, dispensĂ©es au plus proche du terrain, sont de dĂ©velopper les compĂ©tences des acteurs de la vie associative, de rĂ©pondre aux diffĂ©rents enjeux du monde sportif, dâapporter des rĂ©ponses concrĂštes, mais aussi de faciliter lâengagement de nouveaux arrivants. Pour ce faire, rien de mieux que de proposer des sĂ©ances interactives, basĂ©es sur les Ă©changes et la convivialitĂ©. « Il est important que les diffĂ©rents acteurs prĂ©sents puissent partager leur expĂ©rience », confie la formatrice, soucieuse des composantes transversales. « Ils viennent ici recueillir de prĂ©cieuses informations de base, des fondamentaux relatifs aux modes de fonctionnement, pour comprendre la nĂ©cessitĂ© dâĂ©laborer un projet associatif qui tienne la route. Mais ils doivent aussi interagir Ă lâaide dâĂ©tudes de cas, les obligeant ainsi Ă sâinterroger et Ă rĂ©flĂ©chir. Câest ce partage qui va leur donner des idĂ©es et enrichir leur vision ».
Le contenu de la formation dispensĂ© par Alexandra HIRSINGER se base sur une approche Ă la fois documentaire et participative, tirant ainsi les stagiaires vers le haut…
Notre ligue comporte prĂšs de 500 clubs, ce qui reprĂ©sente une proportion de 1500 dirigeants (prĂ©sidents, secrĂ©taires et trĂ©soriers rĂ©unis). Toutes et tous nâont pas le mĂȘme parcours, nâont pas la mĂȘme vision,  la mĂȘme approche de leur fonction, ni le mĂȘme environnement (humain, technique ou financier). Autant dire que chaque cas relĂšve de la singularitĂ©. Pour autant, force est de constater des tendances similaires, et ce quelle que soit la taille du club. « Il faut avoir du courage et de lâaudace », relĂšve Monique GERSON THOMAS, prĂ©sidente des Cheminots Sportifs de Chalindrey (52). « Pas toujours facile de sâimposer lorsque lâon est une femme. Certains ont des idĂ©es bien arrĂȘtĂ©es sur de nombreux sujets, il est parfois difficile dâaller de lâavant et de faire bouger les lignes. Il faut sâaccrocher, ça peut vite devenir usant. Sans compter que de nos jours, il faut savoir tout faire : accueillir les adhĂ©rents, promouvoir lâactivitĂ©, ĂȘtre expert en webmarketing, en gestion financiĂšre, etc. Ce nâest pas simple ». Avoir du caractĂšre ou du charisme nâest pas donnĂ© Ă tout le monde. Les diffĂ©rents gĂ©nĂ©rationnels peuvent vite prendre le dessus, et dĂ©courager les plus jeunes Ă sâinvestir. Câest le cas de Thierry IBACH, prĂ©sident du Judo Club Kano Huningue (68). Enthousiaste Ă ses dĂ©buts, il a vite dĂ©chantĂ© face aux pressions exercĂ©es par son comitĂ©, lui laissant peu de marge dans ses actions. Lui qui aurait eu besoin dâĂȘtre Ă©paulĂ© sâest vite retrouvĂ© isolĂ©, ne sachant plus trop quoi faire. Il sâest montrĂ© du coup particuliĂšrement rĂ©ceptif Ă la formation dispensĂ©e. « Pour ma part, jâignore ce quâest le projet associatif », avoue-t-il en toute humilitĂ©. « Je viens chercher des solutions et une mĂ©thodologie pour repartir sur de bonnes bases ». « GĂ©rer une association, câest aussi savoir quels leviers activer en matiĂšre de demandes de subventions », relĂšve Boris WENDLING, prĂ©sident du Judo Club dâEnsisheim (68). « On ne sait pas vraiment oĂč chercher les informations. Au niveau communal, dĂ©partemental, rĂ©gional ? Câest une peu la jungle ». Maurice TIN, enseignant au Kodokan Bergheim (68), tout comme Adrien BRETON de lâEspace 110 dâIllzach (68), pointent les difficultĂ©s de recrutement de bĂ©nĂ©voles. « Il est souvent compliquĂ© de fĂ©dĂ©rer autour dâun projet. Le Covid nâa pas arrangĂ© la situation. Lorsque lâon organise une manifestation sportive ou festive, ce sont gĂ©nĂ©ralement toujours les mĂȘmes qui sont prĂ©sents. Un noyau solide parfois, mais peu Ă©volutif et qui risque d’en lasser certains ».
Camille SCHWANDER, elle, a su remettre en cause le paradigme, ayant les idĂ©es bien claires et structurĂ©es en matiĂšre de gouvernance, de management et dâambitions. PrĂ©sidente du club dâaccueil du jour, elle partage volontiers son expĂ©rience. « Lorsque jâai pris la prĂ©sidence, il Ă©tait hors de question que je fasse tout toute seule », se souvient-elle. « Je me suis appuyĂ©e sur le vĂ©cu des anciens, puis entourĂ©e de personnes compĂ©tentes que je suis allĂ©e directement chercher parmi les parents dâĂ©lĂšves. Il faut savoir faire confiance aux gens. Surtout, il est important de ne pas les accaparer, mais de leur confier une tĂąche unique, en rapport avec leurs savoir-faire et leurs dĂ©sirs, de leur donner envie. Câest Ă©panouissant pour eux, constructif pour le club, et tout le monde y trouve son compte ». Un schĂ©ma qui a fait ses preuves, le club augmentant sensiblement ses ressources financiĂšres, gĂ©nĂ©rant des projets audacieux (embauche dâun enseignant Ă temps plein), un dĂ©veloppement exponentiel (de 36 licenciĂ©s en 2021 Ă 338 au 21/10/2023 !), passant de 1 dojo Ă 4, touchant plus de 750 scolaires dans les Ă©coles environnantes. Un modĂšle certes, qui sâexplique par la conjonction de plusieurs facteurs, et qui se veut inspirant pour dâautres structures.
Mais tout le monde nâa pas lâesprit entrepreneurial dâun chef dâentreprise, la capacitĂ© Ă dĂ©finir des objectifs SMART (simples, mesurables, atteignables, rĂ©alistes et dĂ©finis dans le temps). La nĂ©cessitĂ© de se former, dâacquĂ©rir des compĂ©tences nouvelles ou dâen consolider certaines pour se sentir Ă lâaise dans sa fonction de dirigeant se rĂ©vĂšle vitale. Tous les participants ont grandement apprĂ©ciĂ© les enseignements dispensĂ©s sur la journĂ©e, et ont surtout profitĂ© des moments de convivialitĂ© proposĂ©s. « Ces rencontres font grand bien ! », reconnaissent Olivier TONEGUZZI et Richard HOOG, respectivement prĂ©sidents de Wintzenheim (68) et de Sierentz (68), Ă lâissue du repas de midi, pris en commun dans la bonne humeur. « On se rend compte que les contraintes ou problĂ©matiques, mais aussi les sources de satisfaction, sont Ă peu de choses prĂšs les mĂȘmes qu’ailleurs, et que lâon nâest pas les seuls. Câest trĂšs instructif, rassurant aussi, et on en redemande ! ».
On dit souvent que lâexpĂ©rience des uns sert aux autres. Le cadre de ces formations, entiĂšrement prises en charge par la Ligue, sây prĂȘte admirablement bien, apportant de nombreuses rĂ©ponses et solutions ! Prochain RDV le samedi 2 dĂ©cembre 2023 Ă Reims (51). Un grand merci aux dirigeants bĂ©nĂ©ficiaires pour leur intĂ©rĂȘt et leur investissement. Un grand merci Ă©galement au club de Sundhoffen pour son accueil, et Ă Alexandra pour son expertise et ses prĂ©cieux Ă©clairages !