Une belle dynamique transfrontalière !
Incontournable de ce début d’automne, la 13ième édition du stage « multifrontières », du 4 au 7 octobre 2018, a rassemblé pas moins de 228 judokas (105 filles et 123 garçons). Sur les tatamis du C.R.E.P.S. de Strasbourg, ces juniors ont été soumis à d’intenses confrontations avec leurs homologues étrangers, avec, en ligne de mire, les prochains Mondiaux (du 17 au 21 octobre à Nassau – Bahamas) et autres échéances internationales…
Du beau monde sur les tatamis du C.R.E.P.S. de Strasbourg !
« On est surtout content de pouvoir reconduire chaque année, en Alsace, une manifestation de cette qualité ! », livre Eric DESCHAMPS, responsable des féminines du Pôle France de Strasbourg. « Le calendrier sportif est de plus en plus chargé, et ça devient compliqué. Ce week-end par exemple, cinq manifestations nous impactent directement ou indirectement. On n’est jamais sûr à l’avance de pouvoir obtenir l’adhésion de nos judokas, ni même celles des étrangers ». Le Pôle France de Strasbourg, conscient des enjeux, n’a pas hésité à faire l’impasse sur le relevé tournoi de Cormelles-le-Royal. « On a eu, fort heureusement, l’accord de la majorité des clubs pour permettre à leurs athlètes de vivre ces moments privilégiés. Ce stage offre de belles opportunités pour tous. Le niveau, très hétérogène, permet à chacun de s’exprimer. A deux semaines des Monde, ce rassemblement permet surtout d’engranger de l’expérience, d’avoir des oppositions fortes, mais aussi des partenaires que l’on peut faire chuter pour exprimer son judo. Cette opération est bénéfique pour tous ! ».
Eric DESCHAMPS grandement convaincu des bienfaits de ces échanges multi-nations…
Sur le tapis, outre la sélection française pour les Mondiaux (*), des sélections des Pôles France de Bordeaux, Marseille, Orléans et Strasbourg, des délégations étrangères (Allemagne, Autriche, Belgique, Écosse, Grande Bretagne, Luxembourg, Pays Bas, Suisse), mais aussi une sélection des meilleurs du Pôle Espoirs de Strasbourg, de la section universitaire de Strasbourg, et une sélection du Grand Est. Du beau monde donc, censé fournir des oppositions fortes et des confrontations de qualité, idéales pour affiner les réglages techniques, améliorer son répertoire tactique et stratégique. « Ces confrontations permettent à nos athlètes de voir les difficultés qu’ils peuvent rencontrer, afin d’y remédier et travailler là-dessus », analyse Stéphanie POSSAMAI, ancienne internationale, actuellement en poste au Pôle France de Bordeaux. « Je suis venue avec un groupe de 5 garçons et 5 filles, qui ont un réel potentiel, dans le but de les faire progresser. On vient chercher des étrangers, de l’opposition, de nouveaux partenaires. Ces échanges sont très enrichissants, et leur fournissent des données sur leurs points forts, ce qui fonctionne moins bien, et ce qu’il leur reste à travailler (kumi-kata, placement, etc…). J’attends d’eux de l’engagement, qu’ils aillent chercher les meilleurs pour prendre des repères, qu’ils trouvent des solutions aux difficultés rencontrées. Ce stage ne dure que quatre jours. C’est très court et très intense. Je souhaite surtout qu’ils en profitent à fond ».
Stéphanie POSSAMAI, du Pôle de Bordeaux, n’a pas hésité à traverser la France avec ses élèves pour pour participer à ce stage…
Au programme, une séance de randoris, matin et après-midi, quatre jours durant. Du rentre dedans avant tout, avec pour mission de faire chuter l’adversaire. Déplacements, accélérations, actions, réactions. Ça bouge, il faut du rythme pour chercher l’ouverture, placer un mouvement, une technique. Parfois ça rate, il faut dès lors recommencer, repartir au combat, essayer, encore et encore. Ne pas baisser les bras. Au bout de deux heures de ce tempo d’enfer, les organismes sont essorés. Surtout, il faut récupérer entre deux séances pour rester performants. « Les consignes sont strictes » observe Stéphanie. « Les athlètes doivent se reposer, faire la sieste. Ils ne font pas la fête le soir et se couchent tôt. Surtout, ils doivent bien s’alimenter, boire beaucoup. Quatre jours, ça passe relativement vite, donc il faut gérer la fatigue du mieux que possible ».
Léa FONTAINE n’a ménagé ni ses forces ni son énergie durant les combats…
Côté féminin, même si les échanges verbaux sont plutôt cordiaux, ça ne rigole pas. Les confrontations sont rugueuses, chacune essayant de déjouer la stratégie de l’autre. « On se confronte aux meilleurs, c’est difficile ! », admet volontiers Léa FONTAINE. Licenciée à Sainte-Geneviève Sports, elle vient tout juste de quitter sa Réunion natale (Saint Leu) pour rejoindre le Pôle France de Strasbourg en septembre dernier. Un physique de guerrière chez les lourdes, qui lui vaut un titre de championne de France chez les cadettes en + de 70 kg (7 avril 2018 à Ceyrat) et un titre de vice-championne de France junior, en + de 78 kg (12 mai 2018 à Villebon). Une fille déterminée sur le tapis, qui impressionne par sa volonté de réussir, et surtout, l’envie de bien faire. « Ce stage-là, avec les étrangères, c’est bon pour nous ! », précise-t-elle entre deux combats, menés tambours battants. « C’est super enrichissant, ça nous permet de voir ce qui se fait sur l’international. On peut progresser, s’améliorer au contact des autres. Une belle opportunité pour préparer les échéances à venir… ».
Dans un coin du tapis, sourire aux lèvres, Marie Paule PANZA observe, quelque peu amusée, le déroulement des opérations. « C’est vraiment formidable d’offrir à ces jeunes pareilles confrontations ! », exprime-t-elle, visiblement ravie du spectacle proposé. « J’ai toujours beaucoup de plaisir à venir ici. Il y a une ambiance particulière. Notre proximité avec l’Allemagne, le Luxembourg et la Belgique est un atout. Ce qui est intéressant, c’est que nos athlètes puissent accéder à des formes très diversifiées de judo. Chaque pays a ses propres spécificités, offrant une adversité variée. C’est vraiment génial pour nos judokas ! ». Entre deux randoris, elle n’hésite pas à prendre l’un ou l’autre à part, et prodiguer lorsque nécessaire instructions, conseils et recommandations. Antoine VERON (ex. A.C.S. Peugeot-Citroën Mulhouse), son nouvel élève au J.C. de Strasbourg, bénéficie dans ce cadre d’un soutien bien précieux. Très actif sur le tapis, désireux d’apprendre, le jeune homme ne dispose pas encore d’un palmarès éloquent. Sa troisième place aux championnats de France cadets en avril 2016 (- 60 kg) laissait présager de belles perspectives. Depuis qu’il est junior, il galère un peu pour percer. Mais le garçon s’accroche, ne lâche rien. Actuellement en 2ème année de licence STAPS, il prend le temps de se construire. « Sur les proches échéances, je vais essayer de prendre le plus d’informations possibles en tournois, essayer de construire et d’affiner mon judo. Ce pour quoi je m’entraine tous les jours, c’est pour un titre de champion de France, pour après, viser plus haut. Mais le chemin est encore long, ça va être dur. Je ne pars pas en avance, je ne suis pas en pole position, mais je me donne les moyens. Je ne veux pas avoir de regrets ». Et de compléter, « ce stage est d’un excellent niveau. Il est intéressant de se confronter à de nouveaux profils types, des judokas différents, que l’on pourra peut-être croiser sur le circuit international. Il est important de prendre des informations qui nous seront nécessaires par après ».
Antoine VERON a cherché à tendre vers le meilleur lors de chaque séquence…
Comme toujours, ces échanges « multinations » demeurent particulièrement privilégiés. Une aubaine pour tous, tant sur le plan sportif que sur le plan humain. « Sur ce stage, chacun prend ce qu’il a à prendre », observe Yacine DOUMA, l’entraineur des garçons du Pôle France de Strasbourg. Les meilleurs peuvent se rencontrer pour faire des combats de qualité, ceux qui sont un peu en dessous vont pouvoir progresser. Quelque soit le niveau en face, il y a toujours quelque chose à prendre ». Et de conclure, « on commence maintenant à être bien huilé. D’année en année, on est de mieux en mieux dans l’organisation, dans le suivi, etc… En raison du calendrier chargé, on a un peu moins de monde que d’habitude. Mais ce qui est important, c’est que l’on fidélise. Les judokas reviennent toujours avec plaisir. On espère surtout pérenniser ce stage le plus longtemps possible. Avoir une action comme celle-là chez nous, c’est très positif. Il faut surtout louer le travail de toute l’équipe d’organisation, Sébastien GIRARDEY, les cadres du Pôle, qui prennent de leur temps pour coordonner tout ça (logistique, gestion, etc…), les stagiaires C.Q.P., les services civiques. Tout cela demande un investissement certain. Sans cette aide, ce serait compliqué… ».
Pour Yacine DOUMA, ce qui est important, « c’est que l’on fidélise. Les judokas reviennent toujours avec plaisir... ».
(*) Sélections pour les championnats du Monde « juniors » :
- Filles: Mélanie FRIGOUL en – de 44 kg, Blandine PONT en – de 48 kg, Julie WEILL DIT MOREY en – de 48 kg, Coraline MARCUS TABELLION en – de 52 kg, Faiza MOKDAR en – de 52 kg, Sarah Léonie CYSIQUE en – de 57 kg, Maryline LOUIS SIDNEY en – de 57 kg, Manon DEKETER en – de 63 kg, Candice LEBRETON en – de 70 kg et Laura FUSEAU en + de 78 kg.
- Garçons: Yhonice GOUEFFON en – de 60 kg et Paul LIVOLSI en – de 81 kg.
La sélection du Grand Est (de g. à d.) : Louis PESTELARD, Timothée PHILLIPP, Sylhia MAYILA, Gwendal LEBEL, Quentin HEMMER, Karen GYNOSIAN, Belkahla Ayoub BELKAHLA et Emile BRETON.
Album PHOTOS sur Facebook.
Lire aussi : l’interview de Sébastien GIRARDEY dans l’Esprit du Judo (http://www.lespritdujudo.com/actualites/trois-questions-a-sebastien-girardey-ctr-de-la-ligue-grand-est).